Ginette Déziel, art contemporain
Grand-père classait le monde
Lorsque j'étais enfant, je m'asseyais sur les genoux de mon grand-père et j'observais, durant de longues heures, ses multiples collections: des cahiers entiers d'objets devenus inutiles, de billets d'autobus, de cartons d'allumettes, de cartes postales, d'articles de journaux, de timbres-poste… Il collectionnait tout, il classait le monde. Ainsi, me semblait-il, l'univers lui appartenait.
Je l'imaginais, attablé sous les tubes fluorescents, prenant un plaisir fou à aligner sans fin et à coller méticuleusement ses trésors. Je le sentais heureux.
Alors, devant mes yeux d'enfant émerveillée, défilait le monde divisé en milliers de petites pièces de puzzle. Ses innombrables cahiers jaunis m'étourdissaient, il me semblait être au milieu de toutes choses. Une telle paix, un tel silence se dégageaient de cet ordre… une grâce, un surnaturel, un répit, un point final.
Aujourd'hui, je sais que grand-père se repliait dans ce rituel qui jamais ne m'est apparu comme une activité banale. Recensant, rassemblant et ordonnant ses incalculables petites merveilles, il découpait et réorganisait le monde, structurant ainsi sa pensée. Les morceaux du gigantesque casse-tête de ses collections s'imbriquaient et construisaient son imaginaire poétique. Grand-père était un artiste.
Ainsi, ai-je compris que sa poésie était issue de son âme et qu'elle inspirait ses gestes routiniers de recherche et de classement. Tout de suite, j'ai su que l'ennui ne me gagnerait jamais.
Je l'imaginais, attablé sous les tubes fluorescents, prenant un plaisir fou à aligner sans fin et à coller méticuleusement ses trésors. Je le sentais heureux.
Alors, devant mes yeux d'enfant émerveillée, défilait le monde divisé en milliers de petites pièces de puzzle. Ses innombrables cahiers jaunis m'étourdissaient, il me semblait être au milieu de toutes choses. Une telle paix, un tel silence se dégageaient de cet ordre… une grâce, un surnaturel, un répit, un point final.
Aujourd'hui, je sais que grand-père se repliait dans ce rituel qui jamais ne m'est apparu comme une activité banale. Recensant, rassemblant et ordonnant ses incalculables petites merveilles, il découpait et réorganisait le monde, structurant ainsi sa pensée. Les morceaux du gigantesque casse-tête de ses collections s'imbriquaient et construisaient son imaginaire poétique. Grand-père était un artiste.
Ainsi, ai-je compris que sa poésie était issue de son âme et qu'elle inspirait ses gestes routiniers de recherche et de classement. Tout de suite, j'ai su que l'ennui ne me gagnerait jamais.